Damien Seguin, skippeur en route vers le vendée globe 2020

2 min de lecture
2 Damien Seguin sur son bateau sur le Vendée Globe en train de réaliser des manipulations

Né sans main gauche, le skipper Damien Seguin mène de front, et avec succès, deux carrières : l’une en voile paralympique, l’autre en course au large. Après 2 titres de champion olympique 2004 et 2016, il s’attaque, à la barre de son bateau Groupe APICIL, dont MBTP est aussi sponsor, aux plus grandes courses au large. Il sera ainsi au départ du Vendée Globe 2020. Rencontre avec un sportif et un homme inspirant…

Remontons le fil de votre carrière. Comment a-t-elle débuté ?

Je pense que dans toutes les passions, il y a forcément un moment crucial. Pour moi, il s’agit de l’arrivée de la Route du Rhum 1990. A l’époque, j’habitais en Guadeloupe, j’avais 10 ans. Et sur le bout du ponton de Pointe à Pitre, j’ai vu arriver ces bateaux immenses et ces hommes d’équipage… Un moment qui m’a marqué et qui m’a fasciné. Je me suis directement vu naviguer dans le sillage de ces grands marins, comme Florence Arthaud, Philippe Poupon ou encore Éric Péron.
J’ai donc décidé de m’inscrire dans mon premier club de voile. Non pas dans l’objectif de devenir un grand champion, mais plutôt pour pratiquer ce sport de manière assez régulière. Et plus les années passaient, plus je sentais émerger en moi un caractère de vrai compétiteur, de vrai skipper

La boucle est bouclée à Rio avec de nouveau l’or

Votre famille était-elle baignée dans cet univers de la voile ?

Le domaine de la voile, en tant que tel, n’est pas une affaire de famille, mais le monde du sport, oui. Mon père est un très bon sportif dans le secteur énergétique. Il en a toujours fait et il en fait encore aujourd’hui. C’est un compétiteur dans l’âme. Alors forcément le passage à la compétition a été naturel. A 18 ans, j’ai décidé de revenir en Métropole afin d’intégrer un centre d’entraînement de haut niveau, mon rêve étant, à cette période-là, de participer aux Jeux Olympiques. On a tous rêvé de chanter une belle Marseillaise avec une médaille autour du cou ! Mais pour moi, c’est finalement allé assez vite car j’ai rapidement intégré l’équipe de France. Chose étonnante dans mon parcours, j’ai d’abord été appelé en équipe de France valide avant de rejoindre l’équipe de France handisport.

C’est le début de votre moisson de titres…

Tout à fait ! Sélectionné pour les JO d’Athènes en 2004, je suis passé du jeune outsider à celui qui remporte sa première médaille d’or à 24 ans. C’était ma première victoire, j’étais rempli d’une fierté immense puisque personne ne m’attendait à ce niveau. Mais je savais que j’en étais capable car ma préparation avait été très bien maîtrisée. J’ai donc découvert l’équipe de France handisport, une véritable famille dans laquelle j’ai décidé de rester. Ensuite, j’ai remporté l’argent à Pékin en 2008.
A Londres, 4 ans plus tard, une déception, j’ai eu la médaille en chocolat tout en recevant l’honneur d’être capitaine et porte-drapeau de la délégation tricolore. Enfin, je suis arrivé à boucler la boucle à Rio en 2016, en allant reconquérir l’or. Cette carrière olympique a été superbe mais très éprouvante.

Le Vendée Globe, l’Everest de tous les marins !

Damien Seguin en pleine houle sur son bateau durant le vendee globe

Quel a été votre moteur, en tant que skipper, pour vous tourner vers la course au large ?

Cela s’est fait parallèlement à mes objectifs olympiques. Ce qui m’a motivé, c’est la route du Rhum 2005. Pour la réaliser, j’ai commencé par la solitaire du Figaro. Je suis ensuite passé en classe 40 avec des bateaux de 12 mètres sur lesquels j’ai fait deux Route du Rhum et deux Transat Jacques Vabre. Désormais l’objectif est le Vendée Globe 2020, la seule course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance. C’est un peu l’Everest de tous les marins ! Pour cela, j’ai travaillé sur un nouveau bateau, un IMOCA 60, c’est-à-dire un monocoque superpuissant de plus de 18 mètres. C’est dans cette belle aventure que le Groupe APICIL et la mutuelle MBTP m’ont rejoint car ils croyaient à ce challenge. Il faut dire qu’en plus d’être un défi sportif, c’est avant tout une aventure axée autour du dépassement de soi, de la gestion du risque et du handicap. J’avais déjà été le premier skipper handisport à faire la Route du Rhum et je serai également le premier à participer au Vendée Globe l’année prochaine… et j’en suis vraiment fier!

Comment se déroule l’approche de ce Vendée Globe 2020 ?

C’est assez linéaire. A chaque fois, les objectifs montent d’un cran et j’essaie de rendre mon projet lisible. Dans le cadre du Vendée Globe, je suis passé en IMOCA l’année dernière avec le bateau Groupe Apicil et j’ai également participé à la Route du Rhum lors de laquelle j’ai fini 6ème sur 124 participants. Cette année, je vais m’aligner sur la Transat Jacques Vabre à l’automne et je me prépare aussi à d’autres courses, le but étant pour moi de prendre vraiment possession de mon bateau. Ce sont quand même des engins hyper puissants… Et ça étonne toujours les gens lorsque nous sommes capables de les mener en solitaire. Il faut au moins deux années complètes de préparation afin d’être prêt le jour-j. Aujourd’hui je suis vraiment dans les clous, les courses de pré-saisons se sont également très bien déroulées. Et à côté de cela, début juillet j’ai remporté en Espagne, mon 5ème titre de Champion du Monde Paravoile 2.4mR. C’est toujours bon pour la confiance !

Faire voler en éclats les préjugés sur le handicap !

Mais la vie d’un skipper professionnel, ce n’est pas seulement naviguer, c’est aussi celle d’un chef d’entreprise…

Tout à fait, c’est ce qui rend le métier passionnant ! Nous devons à la fois gérer notre projet sportif, la logistique (achat des bateaux, leur fonctionnement…) et notre relation avec les sociétés partenaires. Pour savoir vendre son projet, il faut être un bon communicant. C’est une partie du métier que j’ai dû appréhender et que j’apprécie car qui mieux que moi peut expliquer les valeurs humaines très fortes que je défends, mon éthique et mes ambitions autant sur l’eau que sur la terre ferme !

Ressentez-vous une forme de responsabilité à être « un modèle » ?

Oui, bien sûr. C’est un mélange à la fois de fierté et de pression positive d’être soutenu par toutes ces personnes qui peuvent trouver une source d’inspiration dans mon parcours. J’ai toujours considéré que le rôle d’un sportif n’était pas uniquement de gagner des prix mais plutôt de véhiculer une passion, de parler aux jeunes, de susciter des vocations et de transmettre des valeurs entre autres, autour du handicap dont je suis le porte-drapeaux… J’ai en effet créé ma propre association, Des Pieds et Des Mains dont le but est de faire voler en éclats les préjugés sur le handicap par une pratique mixte de la voile, et de faciliter l’insertion des personnes handicapées dans le monde des valides. C’est un engagement complet qui me rend très fier.

Des membres de MBTP avec moi pour le départ de la Transat Jacques Vabre !

Damien Seguin sur son bateau durant le Vendée Globe les bras levés en l'air sur la poupe de son bateau en pleine vague qui déferle
Damien Seguin qui tient la barre de son bateau en plein couché de soleil à l'horizon du Vendee globe

De quelle nature est la relation qui vous lie avec le Groupe APICIL ?

Je dois dire que c’est très particulier avec ce sponsor. Cela va bien au-delà d’une participation financière contre une garantie de visibilité. Ce sont d’abord de belles rencontres et des valeurs communes qui collent bien à ce sport où le risque est présent en permanence. Ensuite je ressens un soutien fort et c’est très important. Cela me pousse à partager au maximum mes aventures avec tous les salariés du groupe.

 

Justement, vous avez fait la surprise aux personnes travaillant pour MBTP (partenaire du skipper, Damien Seguin, et membre du Groupe APICIL) de parrainer leur journée de Team Building dédiée aux 50 ans de la Mutuellle…

Oui c’était une journée très sympa à Lyon. J’ai rencontré toute l’équipe qui participait à une olympiade sur la pelouse du Stade de Gerland. Un vrai moment de partage et de convivialité. Chacun s’est dépassé et l’événement a permis de récolter des fonds pour plusieurs associations. D’ailleurs ceux qui ont remporté l’épreuve seront avec moi au Havre en octobre pour le départ de la Transat Jacques Vabre. C’est à travers ces événements que je ressens le soutien et que je me reconnais encore plus dans mes partenaires. J’aime bien dire que nous sommes tous dans le même bateau avec un but précis : que chacun arrive à faire le petit plus qui donne de la valeur à l’ensemble !

SP20/FCR0299

En un coup d’oeil !

MBTP sponsorise le skipper Damien Seguin, premier marin "handisport" à prendre le départ du Vendée Globe.
Damien Seguin a été deux fois champion paralympique de voile (2004 et 2016) et une fois vice-champion paralympique (2008, Pékin).
En participant au Vendée Globe, "l'Everest de tous les marins", Damien Seguin entend "faire voler en éclats les préjugés sur le handicap".

Newsletter

Inscrivez-vous à notre Newsletter pour être informé.


    J'accepte que les informations saisies soient utilisées pour permettre de me recontacter dans le cadre de la newsletter. Consulter notre politique de protection des données

    Aller au contenu principal