Erick LEMONNIER, à l’origine du gant bionique d’Eiffage – Prix MBTP

2 min de lecture
2 Photographie d'une homme qui tient un marteau à l'aide du gant bionique eiffage qui a remporté le prix fimbacte

En tant qu’acteur engagé dans la prévention et la santé au travail, notre mutuelle MBTP était pour la 3e année de suite partenaire du Festival FimbACTE qui s’est déroulé en octobre dernier. Cette innovation doit permettre à l’ensemble du secteur de la construction d’améliorer les conditions de travail des opérateurs et de prévenir les risques de Troubles Musculo-Squelettiques (TMS).

Notre équipe a apporté son expérience et son expertise technique aux côtés des acteurs du Bâtiment et des Travaux Publics afin d’identifier et de valoriser les initiatives remarquables au service de la prévention. Ainsi c’est le groupe Eiffage qui a été distingué en recevant le prix MBTP de la « Prévention et Santé au Travail » pour son gant bionique.

Nous avons rencontré le directeur prévention d’Eiffage-Infrastructure, Erick Lemonnier.

Quelle est la politique du groupe Eiffage en matière de prévention ?

Elle est exprimée par une ambition forte : le 100% sécurité. En effet, notre recherche va au-delà de la diminution des événements accidentels, elle est axée sur la suppression des risques et la recherche du bien-être au travail.
Les métiers du BTP sont des activités qui peuvent être très sollicitantes physiquement. Alors notre ligne directrice consiste à rechercher le meilleur niveau de protection, tout en améliorant le confort des opérateurs sur les chantiers. Nous concentrons nos efforts sur l’amélioration des process, des systèmes de mécanisation et sur la conception d’innovations vraiment au service des utilisateurs. C’est tout l’enjeu de notre action.

Comment est né le projet du gant Ironhand® ?

Il y a quelques années, nous avons commencé à nous intéresser aux exosquelettes et avons réalisé que ce qui apparaissait comme une nouveauté dans notre secteur, existait depuis très longtemps dans le médical à travers les prothèses et les appareillages. Il nous est alors apparu pertinent de concentrer nos recherches sur les retours d’expérience dans ces domaines.
Un rapprochement a été opéré avec l’Université de Florence en Italie qui dispose d’un département spécialisé. Et en parallèle, nous avons découvert les travaux réalisés par la société suédoise Bioservo Technologies sur les prothèses médicales et les orthèses.

Quelle a été votre démarche pour adapter ces innovations aux besoins du BTP ?

L’adaptation a finalement été facile à imaginer parce que cette société avait développé la première ébauche du gant bionique. A l’époque, il était exclusivement destiné à des personnes qui, suite à un accident de la vie ou à une maladie, avait perdu la motricité de tout ou partie d’une main. 

La particularité assez incroyable de ce dispositif, c’est qu’il ne comportait aucune partie métallique et encombrante. Le gant ne ressemblait ni plus ni moins qu’à un gant textile qui permet une grande liberté de mouvement à la différence de la majorité des exosquelettes qui ne pourraient pas être généralisés au quotidien sur les chantiers. 

Nous sommes donc allés les voir et leur avons expliqué que nous imaginions un usage professionnel dans notre secteur. Là, le but dépassait le cadre curatif pour s’étendre à un usage préventif. Il s’agissait cette fois d’apporter du mieux-être à nos opérateurs, de réduire leurs efforts et d’éviter l’apparition de troubles musculo-squelettiques. Mais cela va aussi jusqu’à donner la capacité à des personnes qui auraient perdu la mobilité partielle de leur main de se maintenir dans l’emploi ou, en allégeant les contraintes physiques d’un poste de travail, de le proposer à une plus grande diversité de personnes et de féminiser une profession encore très masculine.

Quel est le principe de ce gant et comment s’est déroulée la phase de développement ?

Il est baptisé « Ironhand® » car nous l’avons conçu pour permettre d’accompagner mécaniquement la force naturelle de la main et réduire l’impact des contraintes physiques pouvant être générées par toutes les manipulations.
Le gant est équipé de 5 capteurs et est relié par une gaine à une unité motrice portée dans le dos. Avec une autonomie de 7 heures, il peut développer une force de l’ordre de 80 Newton en se substituant à la force qu’aurait dû déployer l’opérateur. 

Nous avons évidemment réalisé beaucoup de phases de tests et des essais grandeur nature sur chantiers couvrant 16 métiers : peintre, coffreur, tireur de râteau, soudeur, monteur électricien… Nous avons pu mesurer que d’une tâche à une autre, il peut y avoir une variation de résultats conséquente. Plus l’opérateur effectue une tâche récurrente, plus la réduction d’effort va être importante. Elle va de 25% jusqu’à 86% pour un poste de coffreur !

Qui sont les utilisateurs de cet équipement ?

Chez Eiffage, ce sont évidemment des opérateurs de terrain, ce sont beaucoup de métiers différents : des métiers du génie civil, des métiers de l’activité routière, de l’électricité… Ce sont quasiment toutes les branches du groupe qui sont concernées.
C’est une innovation encore très récente, donc nous sommes dans nos différents métiers encore dans une phase de découverte de l’équipement. Il est indispensable qu’il soit testé pour que les opérateurs se rendent compte par eux-mêmes de son bienfait. Cette phase d’adoption est très importante.

Et alors quels sont les premiers retours ?

Nous avons commencé à le proposer à des opérateurs qui avaient envie de le tester. Et le retour a été extrêmement positif. Après les premières heures d’essai, les opérateurs ne veulent plus travailler sans le gant bionique !
Mais au-delà de ce retour des utilisateurs, le gant enregistre aussi énormément de données sur les efforts de la journée, sur les manipulations effectuées. Avec cette data, nous avons bâti un modèle permettant de mesurer réellement la réduction des efforts apportée par le gant à l’opérateur. Et donc les contraintes auxquelles il est soumis. Cela va aider de manière générale à la compréhension et la prévention dans la profession.

Aujourd’hui, comment peut-on se procurer le gant bionique ?

Nous sommes arrivés au produit fini. Le gant est commercialisé depuis le mois de juin dernier. Deux modes de diffusion ont été mis en place. La vente directe est proposée par Bioservo Technologies et par un distributeur français, Gobio-Europe Technologies. Mais nous avons voulu aller plus loin parce que le prix du gant bionique reste un investissement pour une entreprise. Il faut rappeler que le secteur de la construction n’est pas composé que de grands groupes comme Eiffage mais au contraire d’une multitude de PME et d’artisans. Le souhait d’Eiffage a donc été de faire en sorte que cette innovation soit accessible à tous. Nous avons travaillé pour trouver un autre mode de diffusion. Nous sommes allés voir Loxam qui a accepté de relever le défi et qui a rendu le gant bionique disponible à la location. Nous avons donc atteint notre objectif de départ, rendre cette innovation accessible au plus grand nombre, même aux particuliers !

En octobre lors du festival FimbACTE, vous avez reçu pour cette innovation le prix MBTP « Prévention et Santé au Travail ». Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?

C’est un magnifique encouragement, à la fois pour la démarche initiée par l’entreprise mais aussi pour toutes les équipes qui ont participé au développement pendant près de deux ans. C’est une fierté pour plus d’une centaine de personnes qui ont contribué à cet aboutissement. Tous réalisent que ce projet est reconnu aussi à l’extérieur de l’entreprise et particulièrement par des organisations impliquées dans le monde de la construction et de la prévention comme MBTP. D’autant, comme je le disais, que cette innovation doit bénéficier au plus grand nombre. 

Il est désormais nécessaire de faire parler de ce gant bionique et le prix va nous y aider. Aujourd’hui un certain nombre d’entreprises, PME et artisans, se disent peut-être encore que ce gant est réservé aux grands groupes alors que ce n’est pas le cas. Nous voulons démontrer le rôle des entreprises dans l’innovation et l’amélioration des conditions de travail.

Justement comment jugez-vous le développement de la question de la prévention dans les entreprises du BTP ?

Je dirais qu’il y a une prise de conscience de l’ensemble du secteur. Elle concerne déjà la santé des collaborateurs mais elle touche de manière transverse toute la chaine. En effet, les nouvelles générations sont bien plus sensibles à cette question et dans un secteur qui a du mal à recruter, il est fondamental que les entreprises développent des politiques allant dans ce sens. 

Dans les grands groupes comme Eiffage, les démarches sont bien engagées, mais on voit que cela commence à se diffuser sur l’ensemble du secteur. Et ces dernières années, il y a un fourmillement d’idées, d’initiatives qui sont prises, y compris dans les petites entreprises. Dans ce cadre, il est intéressant qu’une mutuelle comme MBTP joue un rôle de pédagogie et d’information auprès notamment des petits acteurs. Il se passe une foule de choses autour du bien-être au travail et de l’amélioration du cadre de vie, encore faut-il que chacun en soit conscient !

SP20/FCR0313

En un coup d’oeil !

Le gant « bionique » IronHand® a remporté le prix MBTP Prévention et Santé au travail 2019.
IronHand® accompagne la force naturelle de la main et permet de réduire l’effort des opérateurs et de limiter les risques de troubles musculosquelettiques.

Développer une politique de prévention des risques et d’amélioration du cadre de vie au travail peut aider les entreprises à recruter et à fidéliser leurs collaborateurs.

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